ANATOMIE DU “TITRE”
Résumé
Dans cet article, je me demande ce qu’est un titre – de film et notamment de film d’animation.
Il ne s’agit pas du tout de réinventer la définition de ce qu’est un titre en soi.
Ce qui m’intéresse ici est de questionner la notion de titre – en particulier d’une œuvre filmique donc – ses composantes sensorielles, ses lieux de tension avec la narration, sa relation à l’illusion du mouvement...
“Le film commence vraiment dès la première image.”
— Saul Bass
Définitions
Le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales nous définit la notion de titre comme, « toute inscription au début d’un ouvrage pour indiquer son sujet » et à fortiori comme « le nom que donne son auteur à une œuvre littéraire ou artistique et qui évoque plus ou moins son contenu, sa signification. »
Dans cette double définition du CNRTL, plusieurs éléments sont déjà riches de conclusions.
Le tout premier mot, en l’occurrence, est inscription, c’est-à-dire l’action d’ « inscrire ». Emprunté au latin inscribere (de -in « dans, sur » et de la racine scribere « écrire »), le titre d’un film est donc un geste, un mouvement, une action d’écriture dans quelque-chose ou sur quelque-chose…
Attribuer une nature mouvante au titre d’un film, c’est poser la question de son apparition à l’écran. On peut y voir déjà l’idée d’un titre animé. On peut aussi y voir l’idée d’un geste de l’auteur, artistique ou stylistique.
Justement, le second terme important - pour moi - nous informe que le titre indique. Il est donc comme le deuxième doigt de la main, il montre au monde et désigne sans ambiguïté le “sujet du film”.
Le titre serait au visage, ce que le “sujet du film”, son propos, est au corps.Cette métaphore du visage n’est pas insensée si on considère que le titre est aussi le nom de l’œuvre, donc une partie infime de son identité propre mais qui nous renseigne tout de même sur certains aspects du propos.
A cet égard, Alain Damasio décrit magnifiquement bien l’intérêt significatif des phonèmes dans l’écriture et de ce qu’il appelle la “typoésie” (contraction de typographie et poésie), et leurs évocations.
Ce qui m’amène au mot suivant, qui est, sans égal, mon préféré : par le titre donc, il s’agit pour l’auteur d’évoquer le contenu du film. Emprunté au latin evocare « appeler à soi, faire venir », la première acception de ce terme est : « appeler, faire apparaître par la magie ».
Je trouve très beau cette façon de se représenter le façonnage visuel, scriptural, syntaxique et sonore du titre dans le but d’informer le public sur le contenu de l’œuvre, et ce par la magie de l’artiste, de son auteur.
Et ce plus ou moins est très intéressant sur le plan du récit ! Par cette locution, il est bel et bien question des limites narratives dont disposent le titre. Il ne faudrait pas que ce titre soit exhaustif sur l’œuvre, mais il doit en dire suffisamment tout de même, souvenez-vous de l’index qui montre la direction, l’orientation.